Salles de consommation à moindre risque
septembre 2018
S’il existe une politique internationale de contrôle de la drogue depuis le début du 20e siècle prônant l’interdit et la privation, une alternative va émerger à partir des années 1980 à la faveur de plusieurs crises (augmentation des addictions dans la population des jeunes urbains des années 1970, augmentation des overdoses mortelles, épidémie de sida et plus récemment celle de l’hépatite C). Il s’agit de la réduction des risques qui ne pose pas le sevrage comme première étape, mais qui cherche d’abord à limiter l’impact de la consommation de produits psychotropes sur la santé pour l’accompagner vers une sortie de son addiction.
La réduction des risques s’appuie sur plusieurs volets. Le premier est éducatif et consiste en une information pertinente sur les conséquences directes de l’usage de la substance psychoactive, sur celles induites par la consommation (non-partage du matériel, points d’injection…) mais vise aussi à la réduction de la consommation. Le deuxième est plus sanitaire par un accès facilité à du matériel stérile et dans l’idéal à sa récupération quand il est souillé ainsi que le développement et le passage à des médicaments de substitution (aux opiacés) mais aussi vers une offre de soins et de dépistage. Le dernier champ est social car il concerne les services d’accueil, d’écoute et de soutien psychologique et orientations vers des services sociaux.
Les salles de consommation à moindre risque (SCMR) sont un des outils de la palette de la réduction des risques d’abord destinées aux injecteurs de drogue, les plus précaires, sur l’espace public. Nées en 1986, on en trouve aujourd’hui dans dix États essentiellement européens.
Sur la base de travaux scientifiques, on peut définir quels services, quels personnels, quels publics, quelles organisations permettent de définir une salle de consommation à moindre risque. Il est aussi important d’évaluer les conséquences sanitaires et de tranquillité publique induites par ces équipements.
Des recherches ont mesuré les impacts de ces équipements. S’il peut apparaître que les avantages sanitaires et sociaux existent pour les usagers et que les nuisances dans l’espace public sont en diminution, les quelques études qui existent sur l’acceptabilité sociale montrent qu’il y a des marges de progrès et que l’équilibre trouvé doit faire l’objet d’une médiation entre les communautés hôtesses et les initiateurs de projets.
Après une longue phase expérimentale et d’observation, toujours active, il semble que les perspectives pour cet outil soient au renforcement et à l’amplification des structures existantes ainsi qu’au développement avec de nouvelles villes, de nouveaux États prêts à accueillir des salles de consommation à moindre risque.