Logement et emploi dans la Métropole du Grand Paris

L'Institut Paris Region

Économie, Emploi – formation – éducation, Habitat – logement

septembre 2018

La Métropole du Grand Paris, engagée dans l’élaboration de son programme métropolitain de l’habitat et de l’hébergement (PMHH), a souhaité y associer l’Institut d’aménagement et d’urbanisme Île-de-France pour inscrire sa démarche dans une vision régionale des enjeux croisés de l’habitat et de l’emploi. En effet, la capacité de chaque territoire à répondre à la diversité des besoins en logement de ses actifs est aujourd’hui au cœur des objectifs de la planification régionale. En dépendent la résilience du tissu économique des territoires ainsi que leur capacité à assurer le fonctionnement des équipements et services publics.
L’Île-de-France présente à cet égard une situation singulière, marquée par la concentration des emplois sur quelques pôles très attractifs, en contraste avec la répartition diffuse des logements dans l’espace régional. La Métropole du Grand Paris concentre 69 % des emplois tandis que 59 % des actifs franciliens y résident. Au sein de la métropole de fortes disparités de concentration de l’emploi (Paris, La Défense, notamment) génèrent des déséquilibres internes, parfois renforcés par la dissociation entre la nature des emplois et le profil des actifs résidents (Paris offre ainsi 2,4 emplois d’ouvriers pour 100 actifs de cette profession quand, à l’inverse, Plaine Commune offre plus de 3 emplois de cadres pour un actif résident). Dans le même temps, sur fond de croissance du chômage, l’emploi devient plus flexible et modulable. Les contrats de travail temporaires, à temps partiel ou la pluriactivité tendent à se développer, les horaires à se décaler, contribuant ainsi à déconnecter peu à peu le lieu d’emploi et le lieu de résidence et à désynchroniser davantage les stratégies professionnelles et résidentielles des actifs.
Cette dissociation géographique des fonctions économiques et résidentielles entraîne des flux de mobilité massifs : plus de 7 millions de navettes domicile-travail sont réalisées chaque jour en Île-de-France, dont 3,6 millions au sein de la métropole et plus de 5,2 millions si l’on considère toutes les navettes entre la MGP et le reste de la région. Ces flux se doublent d’importantes disparités territoriales dans les conditions d’accès aux emplois : 22 % des habitants de la MGP mettent moins d’un quart d’heure pour aller travailler et 14 % plus d’une heure, contre respectivement 30 % et 23 % des habitants de grande couronne.
Les actifs de la métropole se heurtent, en outre, dans leurs choix de localisation résidentielle à la cherté et à la rareté des logements. Dans un espace régional, marqué par la tension et la hiérarchisation du marché immobilier, la baisse de la mobilité résidentielle constatée pour une majorité de ménages entre de plein fouet en contradiction avec les dynamiques de l’emploi et les formes croissantes de mobilité et de flexibilité professionnelle attendues des salariés. Les fortes contraintes qui pèsent sur les parcours résidentiels créent des conditions de plus en plus difficiles d’ajustement entre lieux d’emploi et d’habitation.
Ces difficultés des salariés dans l’accès au logement et leurs conditions de transport n’est pas sans répercussion sur la bonne marche des entreprises. Une entreprise sur quatre signale que les problèmes de logement génèrent des difficultés de recrutement, une sur cinq évoque des freins à la mobilité interne. Face à ce constat, les entreprises tentent d’adapter leurs logiques d’implantation. La localisation et l’environnement de l’immeuble jouent un rôle renforcé dans leurs choix : d’une part, pour un accès au bassin d’emploi, au marché et au réseau le plus large possible, d’autre part, pour attirer et retenir des salariés aux exigences renforcées. Mais entreprises et salariés ne peuvent être laissés seuls face à cette déconnexion entre géographie de l’emploi et de l’habitat. Le rapport alimente la réflexion sur les politiques de l’habitat et de programmation urbaine qui permettraient une meilleure articulation entre développement résidentiel et économique.

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