Les « cordées de la réussite » en Île-de-France
septembre 2020
Lancées en 2008 dans le cadre de la dynamique « Espoir-Banlieue », les cordées de la réussite constituent des réseaux de solidarité entre un établissement d’enseignement supérieur et un ou plusieurs établissements d’enseignement secondaire, dans l’objectif d’introduire davantage d’équité dans la poursuite d’études supérieures. Elles visent les élèves dont le contexte socio-économique, culturel ou géographique peut constituer un frein, notamment dans les quartiers en politique de la ville (QPV) et les espaces ruraux. L’Etat et la Région d’Île-de-France se sont associés pour soutenir ce dispositif auquel la Région accorde une participation accrue depuis 2016. Ils ont souhaité procéder conjointement à leur évaluation sur le territoire régional.
Le premier objectif fixé était d’harmoniser et partager la connaissance des 88 cordées impliquant un lycée francilien en 2018-2019. Ces réseaux de solidarités très denses se sont révélés changeants, avec de nombreuses entrées et sorties enregistrées chaque année. Leur visée commune de réduction des inégalités se décline de multiples façons, depuis l’accession aux filières d’excellence (cordées historiques) jusqu’à la valorisation des filières professionnelles. Les actions menées et leurs modalités sont très diverses : actions de tutorat par des étudiants, d’ouverture culturelle et sociale, d’aide à l’orientation et de renforcement méthodologique et disciplinaire. Un foisonnement d’initiatives souvent remarquables. Mesurer l’efficacité des cordées dans le ciblage des collèges et lycées a été le second objectif fixé à l’évaluation. En 2018-2019, plus de 60% des lycées publics franciliens situés à moins d’un kilomètre d’un QPV ou en zone rurale étaient partenaires d’une cordée de la réussite. Bien qu’élevées, ces proportions révèlent des besoins non satisfaits, en particulier dans les lycées professionnels prioritaires depuis 2013. L’évaluation a également porté sur l’effet des cordées en tant que mise en dynamique d’un système d’acteurs. Plus de la moitié des cordées fonctionnent en partenariat avec notamment des associations. Les établissements d’enseignement supérieur têtes de cordées contribuent activement à leur animation par des réunions, l’organisation d’évènements collectifs comme les journées annuelles, des échanges entre enseignants, des contacts informels… Depuis 2018, la coordination des financeurs s’est aussi nettement améliorée. Des effets positifs sont identifiés par les parties prenantes sur l’attractivité des établissements d’enseignement et le développement des compétences des étudiants engagés dans les cordées.
Apprécier les effets des cordées sur les bénéficiaires finaux, les lycéens, était le principal objectif de l’évaluation. Parmi les critères de recrutement des élèves, la résidence dans un quartier en politique de la ville et le bénéfice d’une bourse sont les plus utilisés, avec la motivation des élèves. Cependant, leur identification n’étant pas entièrement réalisée aujourd’hui, l’impact des cordées sur les lycéens n’a pu être apprécié que de façon indirecte et partielle. Une bonne partie des cordées a certes mis en place des outils de pilotage des actions, mais les établissements d’enseignement apparaissent démunis pour le suivi des élèves. Des effets importants sont néanmoins soulignés sur leur motivation et confiance en soi, leur connaissance des parcours, le savoir-être, la culture générale ou l’organisation du travail scolaire. Des bénéfices en termes de compétences disciplinaires sont également identifiés. Curiosité et ouverture d’esprit, sociabilité et esprit d’équipe, esprit d’entreprise sont renforcés ; de même que l’ambition des élèves.
Au terme de l’évaluation, une vingtaine de pistes d’amélioration ont été retenues après consultation de l’ensemble des parties prenantes de l’exercice, invitées à se réunir à cette fin le 16 juin 2020.
Année de parution : 2020
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