L’aménagement de la vallée du Rhin supérieur : un exemple pour la vallée de la Seine ?
mars 2023
Rhin et Seine sont deux fleuves aux caractéristiques géographiques très différentes. Pourtant, il n’est pas inutile de confronter les aménagements du premier dans la partie supérieure de son cours, entre Bâle et Kalrsruhe, pour tirer des enseignements pouvant intéresser l’aménagement du second, en aval de Paris. Alors qu’il a longtemps été une frontière naturelle entre des États belliqueux, le Rhin est aujourd’hui devenu le trait d’union entre ces mêmes États et la colonne vertébrale d’une des régions les plus prospères et les plus intégrées de l’Union européenne : la « région métropolitaine trinationale du Rhin supérieur » (ou RMT). Territoire de 6,2 millions d’habitants, à cheval sur la Suisse, l’Allemagne et la France, la RMT s’étend sur 21 500 km2, soit presque la même surface que le territoire du premier CPIER de la Vallée de la Seine, peuplé lui par presque le double d’habitants. Construction plus politique qu’administrative, la RMT est le résultat d’un long processus de négociation entre les parties prenantes de sa planification, de son aménagement et de sa gestion, processus facilité par la culture du compromis propre à cette partie de l’Europe mais aussi par les programmes Interreg du Rhin supérieur qui se sont succédé depuis trente ans, par la Landesgartenschau du Bade-Wurtemberg de 2004 (exposition florale ayant abouti à la création du parc des Deux Rives à Strasbourg-Kehl) ou l’IBA Basel 2020, « exposition internationale de construction » typiquement germanique, ayant célébré la place centrale occupée par le Rhin dans la construction de la métropole trinationale de Bâle. Le dynamisme et la réinvention permanente de cette coopération entre collectivités locales organisées en « eurodistricts » appartenant à deux ou trois États sont sans doute la marque de fabrique de la RMT et sa pratique politico-technique la plus remarquable.
Année de parution : 2023
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