Développer l’habitat en cœur de bourg et village. Comment produire un habitat qualitatif en respectant l’objectif ZAN ?
juin 2021
Si l’extension urbaine et la construction de maisons individuelles ont été plébiscitées entre les années 1970 et 1990, aujourd’hui face aux enjeux environnementaux, aux objectifs de réduction des gaz à effet de serre, de mixité sociale et fonctionnelle dans les territoires, la tendance doit désormais radicalement s’inverser. Entre 2012 et 2017, le rythme moyen d’artificialisation en Île-de-France était de 840 ha/an selon le mode d’occupation du sol, avec des conséquences sur l’environnement comme la destruction de la biodiversité, une augmentation du niveau de pollution et des émissions de CO2. À l’échelle nationale, l’habitat représente la plus grande part des terres artificialisées (42 %), avant les réseaux routiers (14 %), le bâti agricole (8 %) ou encore les services et infrastructures (14 %). C’est dans ce cadre que le gouvernement a émis dans son Plan biodiversité en 2018 l’objectif Zéro artificialisation nette. Celui-ci doit permettre la production de formes d’urbanisation plus sobres en consommation d’espaces et plus intenses en nature, grâce à des processus comme la densification urbaine, le renouvellement urbain et la renaturation des terres.
Pourtant, cet objectif doit être confronté aux aspirations des habitants qui, pour 66 % d’entre eux, souhaitent vivre en maison individuelle et bénéficier de logements spacieux et d’un accès à un espace extérieur ou qui, du fait des prix immobiliers dans les centres urbains, sont contraints de s’éloigner des cœurs d’agglomération pour trouver des logements adaptés à leurs besoins et leur budget. Ces aspirations apparaissent renforcées par la crise sanitaire de 2020 qui, au fil des confinements, a révélé au grand jour les inégalités de conditions de logement. Durant le premier confinement, 11% de la population francilienne avait ainsi résidé en dehors de sa résidence principale et 5 % des Franciliens avaient quitté la Région. Cela est révélateur d’un phénomène : celui de ne pas subir la promiscuité, associée depuis le XIXe siècle (et son courant hygiéniste), à une plus grande circulation des maladies, mais aussi le souhait de ne pas vivre dans un logement de petite taille sans accès à la nature. Le bien-être, la qualité du logement et de l’espace urbain sont donc à inclure dans les préoccupations liées à l’objectif Zéro artificialisation nette.
Face à ces besoins et à ces attentes, la grande couronne francilienne pourrait constituer un compromis pour accueillir des populations qui aspirent à un besoin de vert et d’espace, mais pas n’importe comment ! Longtemps préservés de l’étalement urbain et disposant d’une forme bâtie traditionnellement compacte, les bourgs et villages franciliens ont attiré ces quarante dernières années de nouvelles et nombreuses populations, à la recherche d’un cadre de vie bucolique et de terrains abordables. Cela s’est traduit par l’apparition de lotissements pavillonnaires, souvent de faible qualité architecturale et urbaine, suscitant une artificialisation des sols agricoles ou naturels ainsi que le mitage des paysages.
Pour préserver les caractéristiques qui aujourd’hui peuvent séduire de nouveaux habitants et pour préserver l’environnement, une question essentielle se pose alors : comment développer, en cœur de bourg ou de village, de l’habitat qualitatif sur le plan urbain et architectural, tout en tenant compte des aspirations des habitants ? Autrement formulé, comment répondre aux besoins de personnes exigeant des logements plus vastes qu’en zone dense, préservant un accès extérieur, à l’instar de l’offre pavillonnaire existante, tout en s’inscrivant dans les enveloppes urbaines existantes et sans dénaturer la qualité des paysages bâtis ?
Cette étude se décline en deux temps : un cadrage sur la situation et les enjeux franciliens de l’habitat dans les cœurs de bourgs et villages, puis un benchmark d’opérations d’habitat exemplaires sur le plan de l’habitat et de compacité du développement urbain. Les critères de qualité architecturale, urbaine et d’usage nous intéressent plus particulièrement car, aux attentes des habitants, s’ajoutent les enjeux de préservation des tissus villageois et d’intégration des projets. Dans cette étude, la question des montages réglementaires, financiers et fonciers est juste esquissée et pourra être étudiée dans un second temps : repérer des opérations qualitatives permet déjà de comprendre que de tels projets sont réalisables en milieu rural.
Année de parution : 2021
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