Consommation d’espace et développement urbain en Essonne

L'Institut Paris Region

Aménagement rural, Aménagement urbain, Foncier – propriété

janvier 2022

Le Département de l’Essonne, comme l’Île-de-France dans son ensemble, se situe dans une dynamique de consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers modérée dans une perspective historique. À la suite d’un premier pic après la seconde guerre mondiale, puis d’un second dans les années 1990, le rythme de l’urbanisation a été divisée par quatre en deux décennies.
Avec 1420 hectares, l’Essonne a été à l’origine d’environ 1/5e de la consommation d’espace régionale au cours de la dernière décennie (2008-2017). Cette part, supérieure à la superficie que représente le département (15 %) en Île-de-France, traduit les importantes dynamiques de projet qui caractérisent le département. On distingue en particulier deux secteurs d’Opérations d’Intérêt National en extension urbaine à la charnière de l’agglomération parisienne et des espaces ruraux : le plateau de Saclay et l’ex-ville nouvelle de Sénart.
Les déterminants de cette consommation d’espace ont évolué ces dernières années, témoignant de la recherche de formes urbaines plus denses et d’un processus de renouvellement urbain sélectif plus favorable à l’habitat qu’aux activités économiques. Ainsi, si les espaces ouverts urbains (parcs, jardins, golfs, hippodromes, délaissés d’infrastructures, etc.) constituent toujours une part importante des espaces en extension (24 % de 2008 à 2017), cette dernière est plus faible qu’au pic des années 1990, quand les formes urbaines se distinguaient par leur caractère plus diffus. À l’inverse, l’habitat collectif, bien que restant minoritaire dans les extensions urbaines (5 % sur la même période), est le seul type d’espace dont la surface des nouvelles extensions croît sur les dernières périodes d’observations, traduisant un souci croissant pour la densité des formes urbaines produites. L’habitat individuel, de son côté, maintient sa part, représentant en moyenne 13 % des extensions urbaines essonniennes (2008-2017). L’activité représente quant à elle une part croissante de ces extensions sur les deux dernières décennies, se hissant au même niveau que l’habitat (18 %)1.
Au sein du département, après une période d’après-guerre caractérisée par une extension urbaine « en tache d’huile », le développement urbain récent reflète l’importance :
de la géographie, dans un territoire marqué par des plateaux et vallées urbaines à proximité de Paris, et une structuration des polarités sur le réseau hydrographique en dehors de l’agglomération ; des infrastructures de transports (N20, RER B, C et D), elles-mêmes appuyées sur les vallées du territoire ; des grands projets, parmi lesquels les OIN précédemment citées, ainsi que les pourtours d’Orly, l’hippodrome de Ris-Orangis, les secteurs de Bondoufle, du Plessis-Pâté, de Mennecy et d’Ormoy.
Au cours de la dernière décennie, la consommation d’espace s’est ainsi concentrée au sein des communes de l’agglomération parisienne, qui totalisent 68 % des extensions, contre 16 % pour les pôles de centralité hors agglomération et autant pour l’espace rural des bourgs villages et hameaux. La densité des formes résidentielles décroît également à mesure que l’on s’éloigne de la zone dense : si, au global, 209 ménages ont pu être accueillis au sein de l’agglomération pour chaque nouvel hectare urbanisé pour l’habitat, ce chiffre est de 51 pour les pôles de centralité et 35 pour l’espace rural. S’agissant des extensions dédiées aux activités économiques, on observe aussi une plus grande densité de nouveaux emplois par unité de surface nouvellement urbanisée dans l’agglomération centrale, avec toutefois une faible densité globale des développements économiques. En effet, les surfaces urbanisées pour l’activité ont cru deux fois plus vite que le nombre des emplois entre 2008 et 2017, et près de 35 % des communes essonniennes ayant consommé de l’espace pour l’économie ont perdu des emplois sur la période. L’attention se porte particulièrement sur les pôles de centralités, dont la part dans l’accueil des nouveaux emplois recule, interrogeant leur capacité à constituer des points d’appuis de la densification urbaine, et de structuration de l’espace périurbain en Essonne.
Pour relever le défi de la sobriété foncière, l’Essonne dispose de trois principaux leviers :
Mobiliser le potentiel de renouvellement urbain, en veillant au maintien d’espaces ouverts urbains de qualité et de surfaces d’activités économiques, souvent perçus comme des réservoirs de renouvellement urbain au bénéfice de l’habitat. Il s’agit prioritairement d’utiliser le bâti existant (vacance, sous-occupation, mutualisation), et d’autre part de transformer les espaces déjà artificialisés (friches, locaux obsolètes, surélévation, densification verticale) ; Construire plus dense, en renouvellement aussi bien qu’en extension ; Augmenter les renaturations, celles-ci entrant dans l’équilibre de l’objectif « zéro artificialisation nette » (ZAN) à horizon 2050. Alors que le premier objectif décennal de la loi Climat et Résilience ne nécessite pas encore de travailler sur le dyptique artificialisation/désartificialisation dans une logique de compensation, les territoires peuvent réfléchir aux modalités de renaturations à visées utilitaristes, afin de récupérer des fonctionnalités pour les sols là où elles font défaut.
Ces constats, bien que partiels et tributaires de l’outil d’observation qu’est le Mode d’occupation des sols, dessinent néanmoins des pistes de conciliation des enjeux du ZAN. Les ambitions de réduction de la consommation d’espace ne pourront alors s’incarner que par l’emboitement des échelles, de la planification jusqu’à la mise en œuvre opérationnelle dans la construction. Dans ce cadre, le futur Schéma directeur de la Région Île-de-France fournira les grands éléments de cadrage à adapter aux réalités locales, pour concevoir des stratégies de développement intégrant les défis de la sobriété foncière.
1. Les parts relatives sont ici sous-estimées en raison de l’importance du poste « chantier » à mesure que la période d’observation est courte. Si l’on exclut ce poste, les espaces ouverts représentent 30 % des extensions, l’habitat individuel 17 %, l’habitat collectif 6 %, les activités 24 %, les équipements 5 %, les transports 7 % et les carrières 11 %.

 

Année de parution : 2022

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