Fragiles métropoles
janvier 2022
La Covid aura-t-elle raison des métropoles ? Alors que rien ne semblait devoir arrêter l’insolente métropolisation du monde, la pandémie a révélé les failles des grands systèmes urbains, soudain décriés pour leur densité, leur minéralité et leurs inégalités. Rues fantomatiques, logements surpeuplés, nature absente, approvisionnements incertains… Sans doute, nulle part ailleurs qu’au cœur des villes n’avons-nous ressenti si intimement la fragilité de nos vies. « Nous avions oublié que nous étions vulnérables », résume l’historien Patrick Boucheron. Le degré d’impréparation des autorités face à la pandémie dans beaucoup de pays témoigne de cette amnésie collective. Et pourtant, les organisations internationales telles que l’ONU alertent de longue date les autorités et les citoyens sur la vulnérabilité particulière des grandes métropoles mondiales face aux menaces de toutes natures – crues, séismes, accidents industriels, épidémies… – auxquelles s’ajoutent les grands défis écologiques et sociaux de notre temps. La crise Covid aura permis de faire prendre conscience aux pouvoirs publics – nationaux et locaux – que la gestion de crise ne s’improvise pas, qu’il est impératif de développer une culture de l’anticipation et d’intégrer le risque dans l’aménagement des grands centres urbains. « Il faut imaginer les catastrophes pour mieux y faire face », explique l’anthropologue Frédéric Keck. C’est sans doute à ce prix que les métropoles – qui concentrent plus de 40 % de la population mondiale – retrouveront tout leur pouvoir d’attraction.
Année de parution : 2022
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