La surmortalité durant l’épidémie de Covid-19 dans les départements franciliens
août 2020
Depuis le début de la pandémie, de nombreuses analyses pointent les disparités de morbidité et de survie des personnes en fonction de leur âge. De fortes inégalités sociales de diffusion du virus commencent également à être mises en évidence. Cette étude fournit des éléments d’objectivation de la surmortalité observée dans les départements franciliens, durant le mois de mars, en phase ascendante de l’épidémie de Covid-19 .
Sans visée analytique ou de mise en évidence de causalités à ce stade, ce Focus santé s’essaye à mettre en exergue les disparités locales de certains facteurs de risques et de fragilité potentiels, qu’ils soient socio-démographiques et urbains, sanitaires ou liés à l’emploi.
Parmi les éléments marquants :
La comptabilisation du nombre de décès domiciliés entre le 1er mars et le 10 avril 2020 rapporté aux décès observés sur la même période en 2019, indique une surmortalité particulièrement marquée en Seine-Saint-Denis (+ 118,4 %). La surmortalité est également marquée dans les autres départements denses de la métropole du Grand Paris (+101,5 % dans les Hauts-de-Seine, +94,1 % dans le Val-de-Marne et +92,6 % à Paris). En grande couronne, les niveaux de surmortalité sont moins forts, même si le Val-d’Oise se démarque avec une surmortalité de l’ordre de +90,1 %. L’analyse des premières données de l’Insee montre cependant qu’une approche infra-départementale est impérative puisque les différents établissements publics territoriaux (EPT) de Seine-Saint-Denis présentent des niveaux de surmortalité très sensiblement différents les uns des autres. L’analyse de ces premières données montre également que les décès au lieu de décès ne témoignent pas véritablement de la mortalité des populations du territoire où ces décès sont enregistrés. En effet, puisque les habitants de Seine-Saint-Denis par exemple fréquentent largement les hôpitaux parisiens et val-de-marnais, 22,1 % des décès de Séquano-Dionysiens ont été enregistrés dans un autre département que la Seine-Saint-Denis. Enfin, sans qu’il soit possible à ce stade de dégager des relations de causalité, le rappel des inégalités territoriales en termes d’urbanisation, de densité de population, de conditions de logements, de caractéristiques démographiques et sociales des ménages, d’état de santé des populations mais aussi d’exposition professionnelle laisse penser que des analyses de corrélations entre vulnérabilité des populations face au Covid-19 et éléments du contexte de vie, menées à des échelles géographiques fines, seraient indispensables pour guider au mieux l’action publique.
Année de parution : 2020
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