4ème journée d’études AFD/FNAU
avril 2018
LES AUTORITÉS LOCALES DU SUD À L’ÉPREUVE DU NUMÉRIQUE
Dans le cadre du partenariat entre l’AFD et la FNAU, les journées d’études conjointes sont l’occasion chaque année depuis 2014 de croiser les expertises sur une thématique de développement urbain. Ce quatrième temps d’échanges a été consacré aux enjeux du numérique dans les villes du Sud. En effet, la transition numérique des villes en tant qu’organisation, puis sa déclinaison dans les services locaux et l’aménagement urbain sont porteurs d’opportunités, à l’heure où la croissance urbaine dans les villes du Sud est toujours particulièrement soutenue. Cependant, dans la plupart des cas, cette mutation bute bien souvent sur les moyens techniques, humains et financiers.
Au Sud, d’Afrique en Asie en passant par l’Amérique latine, les outils du numérique sont surtout développés par les sphères privée et associative (dont les ONG) en lien étroit avec des acteurs informels ou artisanaux qui peuvent assurer une forte part des services urbains. Il est ainsi fréquent qu’une municipalité ne soit pas impliquée dans la création d’une plate-forme d’information destinée aux usagers, par exemple sur les transports urbains. Dans ce cas, les nouveaux services proposés peuvent créer ou renforcer des usages (liés à des offres échappant aux municipalités) venant perturber l’efficacité ou la pertinence de certains services publics, et aggravant parfois la fragile légitimité des autorités publiques. Les villes du Sud, tiraillées entre les offres commerciales des grands groupes, le désir de renforcer l’optimisation de leurs services, et la crainte de décrocher vis-à-vis de ces nouvelles initiatives privées, sont d’une certaine manière contraintes de s’emparer du numérique, ce qui nécessite de repenser les modes de faire, mais aussi leur rôle d’autorité locale.
Quelles sont les opportunités et réelles utilités du numérique pour les collectivités locales du Sud ?
Comment les accompagner dans leur transition numérique en termes d’outils, méthodes et bonnes pratiques qui ne soient pas un pur décalque des smart cities vendues dans le monde ? Comment aborder ces questions pour les villes du Sud alors que la disponibilité et le traitement des données sont souvent limités, et que le déploiement de solutions clef en main bute sur des problèmes financiers et organisationnels, sur des questions juridiques et éthiques, sur des résistances au changement au sein des autorités locales (notamment dans le domaine de la fiscalité, ou des recensements des quartiers précaires), voir sur des formes multiples d’exclusion ?
Pour approfondir la discussion sur ce thème nouveau, la journée a démarré par une présentation d’initiatives françaises par des agences d’urbanisme du réseau de la FNAU : TechTown par Clermont-Ferrand (ville intermédiaire qui se positionne sur le digital), l’Atlas des innovations de Paris par l’Atelier Parisien d’Urbanisme, et le futur du vélo connecté à Paris. La seconde partie de la matinée a permis une restitution et mise en débat du premier livrable co-produit par l’AFD avec l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI) intitulé « Beyond Smart City : Numérique et développement urbain au Sud ». La restitution de ces expériences Nord-Sud a permis de faire émerger des thèmes opérationnels auxquelles les participants ont pu réfléchir l’après-midi en ateliers collaboratifs.
>Les enjeux spécifiques du numérique dans les villes du Sud
>Les actions de l’AFD et de la FNAU, engagées pour les villes intelligentes et numériques
>Les initiatives numériques des agences d’urbanisme